Vous habitez ou vous séjournez à Nîmes ou dans les alentours ? Voici les vins et vignobles à découvrir dans les environs. Et aussi d’autres lieux du vin…
Les Costières de Nîmes
Plantez-vous au pied des Arènes de Nîmes. Outre que vous avez au-dessus de la tête un extraordinaire empilement de pierres taillées il y a plus de 19 siècles, vous êtes également aux portes des « Costières de Nîmes ». Si ce vignoble est situé dans le département du Gard et donc la région administrative Languedoc-Roussillon, il est rattaché à la région viticole du Rhône-méridional. Il est ainsi le plus méridional des vignobles de la vallée du Rhône.
Bon, mais en ouvrant une bouteille de Costières, on est plutôt dans la lignée Languedoc ou l’esprit Rhône ?
Pour beaucoup de connaisseurs, les vins sont plus typés « Rhône » que « Languedoc », les sols et le microclimat s’apparentant plus à ceux des Côtes du Rhône. Pour quelques autres, plus diplomates peut-être, ce vignoble et ses vins sont une harmonieuse transition entre ceux du Rhône et ceux du Languedoc. A vous de boire, pardon, de voir.
Le vignoble des Costières est situé au sud de la ville de Nîmes et au nord de la Petite Camargue, avec ses zones humides remarquables. Il correspond à une petite région de collines et de plateaux, situés entre 20 et 100 mètres d’altitudes, qui s’étend sur 40 km de long et 10 km de large.
Ici, le sol est fait d’alluvions déposées il y a bien longtemps par le Rhône et la Durance (galets, graviers, sables), que l’on appelle « cailloutis Villafranchien » (une période des temps géologiques, mais cette dénomination est aujourd’hui abandonnée par les géologues). Les galets roulés sont similaires à ceux de Chateauneuf-du-Pape et on les retrouve dans l’Hérault (voir Vignobles et terroirs autour de Montpellier). Ces galets emmagasinent la chaleur du soleil pendant la journée et la restituent la nuit.
La région est soumise au Mistral (vent du Nord, froid, sec, souvent violent) soufflant de la Vallée du Rhône. Attention, ce vent ne souffle pas tous les jours de l’année ! Il est surtout fréquent l’hiver et le printemps, et c’est lui qui dégage le ciel.
Les trois couleurs – rouge, rosé et blanc – sont représentées dans ce vignoble, avec un peu plus de la moitié en rouge. Les vins rouges et rosés – l’assemblage de deux cépages est obligatoire – sont issus majoritairement des cépages Grenache noir, Mourvèdre et Syrah (au moins 60%). Les cépages Carignan, Cinsaut et Marselan peuvent les compléter. Les vins blancs sont élaborés essentiellement à partir des cépages Grenache blanc, Marsanne et Roussanne (au moins 50%). Bourboulenc, Clairette, Macabeu, Vermentino (Rolle), Viognier peuvent les compléter.
Consulter le site web du Syndicat des vignerons de l’AOC Costières de Nîmes pour en savoir plus, ainsi que leur dossier de presse spécial œnotourisme, très complet. De nombreux évènements sont organisés autour des vins et des lieux de ce vignoble. L’un des plus remarquables est celui des « Vignes Toquées », en mai, au cours duquel les vignerons de l’appellation Costières de Nîmes organisent leur balade gourmande dans les vignes, en partenariat avec un chef étoilé de la région. Le principe est identique pour l’évènement « Nîmes Toquée » en novembre, mais cette fois il se déroule en ville. Et tout l’été (juillet-août), venez découvrir à l’occasion des Jeudis de Nîmes, les JeuDiVin, un bar à vin éphémère et à ciel ouvert, avec les vins et vignerons de l’appellation. Et je ne vous parle pas de la Feria qui se tient chaque année à la Pentecôte, ou de celle des Vendanges (septembre)…
A consulter également le site Inter Rhône, chapitre Costières de Nîmes. Je vous recommande aussi un article de la très belle revue en ligne WINE LR.
Si Nîmes mérite toute votre attention, prenez aussi le temps de sillonner ce vignoble par de petites routes où les domaines sont signalés par l’emblème des Costières, qui n’est autre que celui de la ville de Nîmes, un crocodile attaché à un palmier. Pour connaitre l’étrange histoire de cet emblème, je vous recommande de consulter un petit document intitulé « Mémoires & traditions », publié par l’office de tourisme de Nîmes.
Si vous aimez le patrimoine historique, plusieurs sites sont à visiter, en dehors de Nîmes, comme par exemple Saint-Gilles. Située aux portes de la Camargue gardoise, Saint-Gilles est la première étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle au départ d’Arles, ancien port utilisé par les marchands et les croisés. La ville possède une abbatiale inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, au titre d’étape sur les chemins de Saint-Jacques. A Beaucaire, visitez la curieuse abbaye de Saint-Roman de l’Aiguille, unique abbaye troglodytique d’Europe occidentale. Enfin, difficile de passer à côté du Mas des Tourelles (commune de Beaucaire ; voir son site) et son « aventure d’archéologie expérimentale » : reconstitution d’une cave gallo-romaine en état de fonctionnement, « production de vins archéologiques romains » !
Car dès l’époque romaine, le commerce du vin était très dynamique dans cette région. Des amphores produites près de Beaucaire ont été retrouvées jusqu’en Italie. Plus proche de nous, des historiens ont retrouvé trace d’une vente survenue à la fin du 16ème siècle, à des négociants de Hambourg, de plusieurs centaines de muids (ancienne mesure de capacité) provenant de la commune de Saint-Gilles.
Et puis vous êtes sur les terres des courses camarguaises, une ambiance et un spectacle à découvrir sans faute si vous ne connaissez pas.
La Clairette de Bellegarde
La commune de Bellegarde, située aux portes de la Camargue, à mi-chemin entre Beaucaire et Saint-Gilles, fait partie du plateau caillouteux des Costières de Nîmes. Et c’est sur le territoire de cette seule commune que l’on produit La Clairette de Bellegarde, sur une quinzaine d’hectares dispersés sur la commune.
Il s’agit d’un vin blanc (classé AOC, label européen) issu exclusivement du cépage Clairette. Ce vin est connu depuis le 15ème siècle. On a retrouvé des documents qui indiquent qu’au début du 19ème, d’après une enquête sur la situation agricole du département du Gard, les vins issus du cépage clairette se vendent les plus chers de tous. De nos jours, ils sont caractérisés par des arômes floraux intenses et des notes de miel ou de tilleul.
Le vaste vignoble des Coteaux du Pont du Gard
La région de Nîmes est également située dans la vaste appellation viticole « Coteaux du Pont du Gard » (label européen IGP), qui occupe le tiers sud-est du département du Gard. Autrement dit, si vous visitez un domaine situé dans le périmètre des Costières de Nîmes, celui-ci peut produire de l’AOC Costières de Nîmes et/ou de l’IGP Coteaux du Pont du Gard.
C’est évidemment le magnifique Pont du Gard qui a donné son nom à ce vignoble. Cet extraordinaire aqueduc romain compte 50 kilomètres de canalisations et amenait l’eau à Nîmes, du 1er au 6ème siècle. Ce monument est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour préparer votre visite, voir le site du Pont du Gard.
Les vins des Coteaux du Pont du Gard peuvent être blancs, rouges ou rosés. L’encépagement se partage entre des cépages méditerranéens (Carignan, grenache, syrah, mourvèdre, cinsault) très bien adaptés aux sols les plus secs, et d’autres cépages tels que les cabernets sauvignon et merlots pour les vins rouges et chardonnays, sauvignons pour les vins blancs, dans les sols plus profonds.
Il y a quelques années, les vins « Coteaux du Pont du Gard » ont incorporé à leur périmètre des vins de pays dont vous pouvez peut-être encore entendre parler, aux noms évocateurs : Côtes du Vidourle, Vistrenque, Vaunage, Coteaux-flaviens. Autant de petites régions naturelles où il est agréable de se promener. La plaine de la Vaunage par exemple forme un étonnant bassin, quasiment fermé, creusé dans le plateau des garrigues, à l’ouest de Nîmes, autour des villages de Congénies, Calvisson, Nages-et-Solorgues, Clarensac, Caveirac… Une plaine depuis longtemps très viticole, aujourd’hui très convoitée par l’urbanisme. Une plaine à découvrir en parcourant l’ancienne voie ferrée Nîmes-Sommières transformée en voie verte (22 km de Caveirac à Sommières).
A Calvisson, vous pouvez visiter l’œnopole Vinopanorama. Pour une présentation détaillée de cet œnopole , voir également l’article « Le premier buveur de vin de France ».
Pour organiser votre séjour à Nîmes et dans les environs
Pour organiser votre séjour dans le Gard, consultez le site Tourisme Gard, et notamment la rubrique Déguster. Adressez vous également, ou venez les rencontrer, les offices de tourisme de Nîmes, Saint-Gilles, Vauvert, Aigues-Mortes, Pont-du-Gard, Beaucaire-Tarascon, Saint-Laurent-les-Arbres.
Enfin, si vous souhaitez une découverte originale des vins du Gard (ou d’autres produits locaux), en Costières mais aussi dans d’autres vignobles de ce département, rapprochez vous de l’agence de voyage Vis It Different, basée à Nîmes.
Vous n’êtes pas rassasiés ?!
Vous avez exploré tous les terroirs présentés ci-dessus, et vous n’êtes pas rassasiés ? A moins d’une heure de Nîmes, voici d’autres vignobles à découvrir. Au sud de Vauvert et de Saint-Gilles, vous pénétrez dans un petit vignoble littoral, au nom étrange : Sable de Camargue, qui continue à l’ouest dans le département de l’Hérault et à l’est dans une commune des Bouches-du-Rhône (région Provence-Alpes-Côte d’Azur). Dominant la vallée du Rhône, à l’ouest de Nîmes, le vignoble des Côtes du Rhône Villages vous attend, avec ses multiples dénominations et ses crus de Lirac et Tavel. Enfin, au nord de Nîmes, découvrez le vaste vignoble des Cévennes et celui du Duché d’Uzès, un paysage vallonné où la vigne côtoie vergers et oliviers.