C’est vrai, j’ai un petit faible pour le village de Montpeyroux. Pour les vins d’ici, évidemment. Pour son environnement et les paysages, certes, mais il y a des coins aussi beaux un peu partout en Languedoc. Non, ce petit faible s’explique par ce que je perçois des liens que les vignerons et viticulteurs de Montpeyroux entretiennent avec leur histoire collective. J’ai découvert cette histoire à travers le livre « Au cœur des vignes, des hommes se racontent », dont j’ai déjà dit beaucoup de bien dans ce blog.
Et la manifestation « Toutes caves ouvertes » de dimanche dernier (16 avril) n’a fait que renforcer ce sentiment qu’ici, ce n’est pas tout à fait pareil qu’ailleurs.
Lorsqu’à la fin de la visite guidée du village, Sylvain de la cave coopérative Castelbarry explique que cette journée est placée sous le signe de la promotion des vins de Montpeyroux et qu’il vous fait déguster non seulement un vin de la cave mais aussi des vins de caves particulières, vous êtes définitivement convaincu que dans ce village, la solidarité viticole d’une petite appellation (AOC Languedoc dénomination géographique Montpeyroux) a du sens. J’ai appris au passage que le Tarral, nom d’une cuvée de la cave, est le nom Occitan donné au vent du Nord, qui chasse le mauvais temps, apporte le soleil et permet de moins traiter…
La déambulation dans la rue principale, longue et rectiligne, guidée par Julie et Hélèna de l’office de tourisme de Saint-Guilhem le Désert Vallée de l’Hérault, était une belle entrée en matière. Je sais tout ou presque de l’histoire du lieu, de ce Mont pierreux, des villas romaines ancêtres des hameaux d’aujourd’hui, des seigneurs de Castellas, du décret de Louis XV qui autorisa le défrichement des terres incultes et scella définitivement l’avenir viticole du secteur, de la contrebande de l’indienne (un tissu de coton) par les habitants, du pont de Gignac qui provoqua la dégringolade économique de ce haut lieu de passage entre la plaine et la montagne, de la banqueroute des plus riches des habitants au 19ème, de la production de verdet, un acétate de cuivre utilisé comme fongicide ou comme colorant. Mais aussi des anciennes animosités villageoises entre royalistes et républicains, cléricaux et anticléricaux.
Après cette visite instructive, déjeuner place de l’Horloge, à la terrasse du restaurant La Terrasse du Mimosa (également cave et bar à vin !). (Très) anciennement « Café du Progrès », donc Républicain. Un accueil vraiment sympa, un service vraiment sympa, un repas … vraiment sympa. Au son des chants festifs des membres de la Consoeurie des Grapillettes, seule et unique consoeurie vigneronne (quand je vous dis qu’ici, ce n’est pas tout à fait comme ailleurs…). Grapillettes qui adoubent généreusement qui croise leur chemin. Au son également de deux fanfares colorées. Et sous le regard d’un échassier jongleur.
Puis déambulation dans les rues de Montpeyroux pour déguster, verre à la main, la production des vignerons. Seulement 5 ou 6 visités, sur les 21 présents… Sniff. J’essaierai de faire mieux la prochaine fois. Mais comme les gammes sont riches et les vigneronnes et vignerons pas avares d’explications et d’histoires, difficile de les rencontrer tous. Belle visite au Domaine d’Aupilhac, où l’on croise d’étonnantes œuvres d’art et où l’on déguste toute la gamme, en finissant avec les Carignan 2009 et 2006. Mais aussi Amélie du Mas d’Amile (il faudra que je goûte son blanc cépage Terret), d’Arnaud du Domaine des Grécaux, de Didier de Puech-Auger et son copain, qui ont créé le Mas des Arômes, et j’en passe. Sans compter ceux et celles qui portent haut les couleurs de Montpeyroux, et que je n’ai pas eu le temps de visiter, comme Pascale de la Jasse Castel ou Alain Chabanon. Et puis tous les autres…
Une dernière chose, et qui constitue une encourageante surprise : beaucoup des gens croisés parlaient anglais, portugais, néerlandais, italien … signe prometteur que ce type de manifestation plaît beaucoup aux touristes étrangers.
Je ne peux que vous conseiller de prévoir d’être là l’année prochaine.