Il y a encore un quart de siècle, chaque quartier de Perpignan possédait son débit de boissons à la tireuse. Et très peu de cavistes au sens où on l’entend aujourd’hui : La Part des Anges, Les Caves du Roussillon… et à partir de 1992, le Comptoir des Crus. Une belle aventure lancée par Jean-Pierre Rudelle et de nombreux associés, et qui n’est pas prête de s’arrêter.
De l’influence des vins de qualité sur une trajectoire de vie
Jean-Pierre est petit fils de réfugiés espagnols côté maternel et d’anciens vignerons de l’Hérault côté paternel. Rouges et cathos… ambiance lors des réunions de famille, mais une double culture enrichissante. Et quelques gènes propices à un penchant marqué pour la vigne et le vin.
Le déclic a lieu à l’occasion d’un évènement bien particulier. Jean-Pierre est alors au collège, en 3ème. Le papa, représentant commercial au sein d’une grosse société de transformation charcutière, est le vainqueur d’un concours de vendeurs, dont le prix consiste en 60 bouteilles de vins. Des vins que la famille n’avait pas l’habitude de consommer : essentiellement des Bordeaux et des Bourgogne. La maman était la comptable d’un gros négociant en vins de Perpignan (famille Dauré, propriété du Château de Jau, pour ceux qui connaissent et/ou qui ont lu cet excellent guide paru récemment et consacré au Roussillon…). La découverte de vins différents de ceux habituellement bus à la maison est une véritable révélation.
Puis dès la seconde, Jean-Pierre choisi l’enseignement agricole à Rivesaltes, avec une option viticulture-œnologie, et continuera à Mâcon par un BTS élaboration- commerce des vins et spiritueux. Seconde révélation lors de ce cursus : le plaisir de la fabrication du vin, la fascination pour le process de transformation du jus de raisin en vin. Jean-Pierre ira vinifier en Ardèche, en Bourgogne, et bien sûr en Roussillon.
De l’art de rebondir
Finalement, une opportunité va lancer Jean-Pierre vers le métier de caviste. En 1988, Bernard Dauré, le propriétaire du Château de Jau, crée à Perpignan un immense magasin de vins, au sein duquel Jean-Pierre va faire ses gammes et se faire une belle réputation. Mais l’aventure tourne court, et la boutique ferme ses portes trois ans plus tard.
En 1992, avec un copain qui disposait d’un petit local de 35 m², et l’aide de plusieurs associés, il monte sa propre cave, rue du Marché de Gros à Perpignan, le Comptoir des Crus. L’affaire marche bien, mais 10 ans plus tard, le chiffre d’affaire stagne, Jean-Pierre n’aime pas la routine, a des idées pour enrichir l’aventure mais il lui faut une surface bien plus grande.
Se présente alors l’opportunité d’acquérir le local actuel, Avenue Maréchal Leclerc, « Un immense parallélépipède de 200 m², plus 75 m² en sous-sol. De quoi créer le lieu dont je rêvais, pour y faire ce que je voulais ». Lieu totalement relooké en 2015, pour une ambiance plus moderne, « pour éviter la routine » (un truc que fuit Jean-Pierre à grandes enjambées, vous l’aurez compris). Le centre névralgique du lieu ? Le gustatorium ! Une pièce accueillante, qui existe depuis 2002, conçue pour s’initier (et se perfectionner) à la dégustation sous la houlette du maître des lieux.
Gustatorium humanum est, (trop) perseverare diabolicum
Jean-Pierre n’est pas peu fier de ce lieu, où il se sent comme un pied de Grenache sur les pentes de la Côte Vermeille.
La cave organise des soirées dégustation ludiques, des soirées accords mets et vins, avec la complicité du restaurant voisin Le Grain de folie et en travaillant des produits de saison. Les soirées font toujours le plein. Le public est principalement constitué de particuliers, mais aussi d’entreprises, qui offrent à leurs clients ou leurs salariés des séances de dégustation.
A suivre…