Cave du Boutonnet, Montpellier
Il n’y a pas d’âge pour changer de métier. Donc, il n’y a pas d’âge pour devenir caviste. La preuve par le faubourg Boutonnet.
Laurent est arrivé à Montpellier en 1988 et vit dans ce quartier depuis 2002. Il était donc bien pslacé pour juger de l’opportunité d’y ouvrir une cave. Mais sans le savoir – il ne l’a appris qu’une fois dans la place – il s’est installé à l’endroit même où a déjà sévi, bien des années plus tôt, un autre caviste.
Bien que la cinquantaine passée, notre homme est donc tout jeunot dans le métier. Il fut pendant 28 ans agent de voyage et l’idée de cette reconversion a longuement mûri (il en est de certains projets comme de nombreux vins de qualité : il leur faut de longues années pour s’exprimer pleinement ; oui, d’accord, c’est facile…). Saisissant l’opportunité d’un plan social, Laurent a décidé de se lancer. Des formations intensives au métier, une longue réflexion pour le choix de sa gamme, épaulé par un ami sommelier, la rencontre avec les vignerons retenus. Et vogue la barge pleine de tonneaux. C’était il y un an ! Bon anniversaire.
La boutique est (très) petite mais plaisante – les belles étagères ont été dessinées par le maître des lieux et réalisées par un ébéniste – et l’on a peine à croire que l’on trouve ici quelques 400 références ! Dont une cinquantaine d’alcool (whisky, vodka…).
« Vous étiez dans le vin avant ? »
Comment les vignerons ont-ils accueillis un novice en commerce de la dive bouteille, un type sans expérience qui s’est mis en tête de vendre leur vin au motif qu’il les apprécie ? Et bien, rares ont été les réactions négatives. Lorsque Laurent répondait non à la question « Vous étiez dans le vin avant ? », il n’a observé que très peu de réticences. A quelques exceptions près tout de même, quelques vignerons revêches peu enclins à confier leur vin à un débutant. Comme ce vigneron de Tain l’Hermitage qu’il a fallu longuement apprivoiser. Mais notre caviste est un tenace, ne se laisse pas démonter et sait convaincre.
Le parti pris de la maison ? D’abord proposer des vins nature. Et Laurent estime qu’il faut mettre des mots précis sur ce que l’on vend. Pour lui, le bio et la biodynamie (méthode culturale) ne souffrent d’aucune ambigüité. Il reconnait néanmoins que pour les vins nature, les choses sont plus ambigües. Il s’agit pour lui de vendre des vins issus de raisins de l’agriculture bio, sans pesticide, sans produit chimique ; en cave, les vignerons doivent n’ajouter aucune levure indigène, pas d’enzyme, et laisser le plus possible travailler leur matière, qui est très saine, juste intervenir sur les temps de fermentation.
Autre parti-pris, proposer un large choix de régions françaises. La sélection est donc à l’image de sa façon d’aborder le vin avant qu’il ne devienne caviste : toutes les régions viticoles françaises proposent d’excellents vins, alors pourquoi se priver ? Et si les clients viennent en majorité acheter des vins du Languedoc, Laurent est agréablement surpris d’observer une clientèle ouverte et connaisseuse, bien plus que ce à quoi on l’avait préparé. Une clientèle jeune aussi, à la recherche de vins plaisir, pour l’apéritif. Bon, les vins du Jura, qu’il affectionne, sont certes assez peu demandés, mais il vend des vins de Loire, de la vallée du Rhône, de la Bourgogne…
Pour l’heure, son principal objectif est d’élargir sa clientèle au-delà du quartier Boutonnet. Alors amis des vins nature, surmontez votre appréhension de ne pouvoir vous garer par ici. On trouve toujours une place aux alentours, et on peut marcher que diable !
Boutonnet rime aussi avec fanfares
Pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion d’en entendre parler, sachez que se déroule dans les quartiers Boutonnet et Beaux arts, chaque mois de juin, le Festival des fanfares de Montpellier. Cette année, c’était la 20ème édition, avec 30 fanfares ! Ambiance festive, explosive, surchauffée, et malgré tout, ne craigniez pas d’y venir avec vos moutards (site web).
Prochain article : les coups de cœur de Laurent pour Vignobles du Sud