Béatrice et Jean-Félix sont de « jeunes » cavistes avec vue sur mer à Collioure. Mais ils ne tiennent pas seulement une cave. Bénéficiant d’une petite terrasse, ils ne sont pas peu fiers de proposer au verre une large palette des vins de leur commerce.
Fous de vins doux
La cave existe depuis 2011. Elle n’est pas située dans le cœur du vieux village, mais à deux pas, côté Plage de Port d’Avall. Le choix de s’installer à Collioure ne découle pas d’une simple opportunité mais bien de la volonté d’être au cœur d’un terroir exceptionnel, d’un village magnifique et d’un lieu de passage cosmopolite. « Ici, c’est une terre de passion »
Après une déjà longue vie professionnelle, Béatrice et Jean-Félix se sont lancés, avec une passion qui ne semble pas prête de s’émousser, dans une nouvelle aventure. S’il faut chercher une filiation, alors il faut évoquer le grand-père et l’arrière grand-père de Jean-Félix qui ont travaillé dans la tonnellerie, à Perpignan et à Thuir. Côté Béatrice, on est plutôt dans l’hôtellerie. S’il faut chercher une première passion commune, alors il faut parler des vins doux naturels. Mais attention, le couple est intarissable dans ce domaine et chacun y va de ses convictions : « Un savoir faire unique », « On est les meilleurs du monde ! », « Cette maîtrise du titrage alcoolique ! ».
Caviste, mais pas que
Béatrice et Jean-Félix ont très vite voulu associer leur activité de caviste à celle de bar à vin. Mais le terme n’est finalement pas tout à fait adapté. Bar à dégustation ? Bar à découverte ? Bar à exploration ? Leur conviction : l’un est le prolongement naturel de l’autre. Le concept a peut-être surpris au départ, mais il s’est très vite imposé et a séduit. Passez à l’heure de l’apéro, et vous verrez.
Et cette formule permet, on y revient, de mieux faire découvrir les vins doux.Un verre vaut mieux qu’un long discours, c’est bien connu. Même des grands crus sont servis au verre ! Mais vous pouvez également consommer les nombreux spiritueux servis par la maison, et même des cocktails. Et évidemment des vins secs, pour l’essentiel du Roussillon, mais pas que (L’Espagne est à deux pas…).
« Le caviste est parfois trop concentré sur la vente. Avec notre bar, l’échange est plus approfondi, plus long, sur un registre différent ». La formule fidélise la clientèle, locale mais aussi touristique, française comme étrangère. La moitié de l’année, Béatrice et Jean-Félix parlent anglais. Et beaucoup des clients sont devenus des amis. Provoquer la curiosité et gagner la confiance, telle pourrait être la devise de la maison envers ceux qui franchissent la porte de la cave à Féfé.
Bio et nature
Il y a 3 ans, Béatrice et Jean-Félix ont signalé sur leurs étiquettes, avec le prix, si les cuvées étaient en bio et ont constaté, assez surpris, que plus de la moitié des bouteilles l’étaient. Non qu’ils se désintéressaient du sujet, bien au contraire, mais ce n’était pas l’unique et décisif critère de leurs choix.
Côté vin nature, ils ont observé cet été un certain tassement dans la demande. « On a moins vu de bobos parisiens débarquer sans même dire bonjour et demander si l’on avait des vins nature ici ! ». Ils travaillent avec certains domaines, comme le détonnant « Collectif anonyme » de Port-Vendres, mais n’hésitent pas recommander d’autres collègues, comme les 9 caves, plus spécialisés. Ils observent également que beaucoup de gens qui demandent des vins nature « ne savent pas comment les boire, comment les apprécier ».
Une ombre sur le métier de caviste ?
La cave à Féfé adhère à la coordination des cavistes catalans. Ce qui permet à Béatrice et Jean-Félix de faire un constat assez partagé avec plusieurs de leurs collègues : une évolution des comportements chez les vignerons et chez les consommateurs. Les premiers sont de plus en plus sensibles, pas tous attention, aux offres de la grande distribution de les proposer dans leurs rayons, à des prix plus bas que ceux pratiqués par les cavistes. C’est un peu dur pour les cavistes, dont le métier est tout de même autre chose que celui d’une grande surface.
Et côté consommateurs, le couple assiste impuissant et dépité au défilé de certainsqui viennent regarder, s’informer, voire déguster, et vont acheter en grande surface. Ou qui mitraillent les étiquettes avec leur téléphone pour comparer les prix. Mais ces comportements ne font que renforcer leur conviction et leur engagement : proposer tous les styles de vins du Roussillon à la dégustation est une condition pour séduire et fidéliser les clients. On ne décourage pas Béatrice et Jean-Félix comme ça.
Au fait, Féfé c’est Jean-Félix, et le couple assume totalement la faute de français. Si jamais un bus d’Académiciens débarque ici un jour, ma main à couper qu’après quelques verres des meilleurs vins du coin et la force de conviction de nos cavistes Colliourencs, ils seront prêts à modifier la règle…
Prochain article : les coups de cœur de Béatrice et Jean-Félix