Mémoire sociale de la Cave Coopérative de Montpeyroux
Savez vous que les villages viticoles du Languedoc-Roussillon comptent presque tous, en plus de leur église, une cathédrale ? Ces dernières ne passent pas inaperçues dans le paysage, avec leur architecture massive, dressées au cœur des bourgs ou installées à leur périphérie. Mais il est plus facile, et parfois plus tentant, de pousser la porte d’une église que celle de ces bâtiments à l’esthétique rarement folichonne.
Mais de quoi je parle ?
Des caves coopératives. Et je prendrai le temps une autre fois de vous parler architecture. Aujourd’hui, c’est de l’envers du décor dont il sera question, avec un beau livre. Pas beau livre au sens où l’image supplante le texte, voir le remplace totalement ; où la photographie clinquante et en couleur époustoufle. Non, beau livre par la qualité du texte, la pertinence des photos qui l’accompagnent, l’originalité et le sens de la démarche à l’origine de cet objet sans équivalent.
Et je parle d’envers du décor au sens de ce pourquoi ces bâtiments sont là. Ils sont le fruit d’une histoire, peu banale, essentielle à l’histoire viticole de cette région, et peut-être d’un modernisme à redécouvrir : l’histoire du mouvement coopératif, qui fait manifestement écho à l’économie sociale et solidaire d’aujourd’hui.
Mémoire orale sauvegardée
C’est cette histoire, celle d’une coopérative viticole créée en 1950 dans le village de Montpeyroux (Hérault), que Marie-Ange Lasmènes s’est attelée à retrouver, saisir et écrire. A la demande de la cave. Et en tant qu’ethnologue ! Plutôt qu’histoire d’ailleurs, il convient d’utiliser le terme de mémoire. « Retracer la biographie de la cave coopérative de Montpeyroux à travers la mémoire de celles et de ceux qui ont été témoins de sa création permet de faire le point sur la genèse et la mise en place d’un mouvement social ». Et de comprendre « le rôle de la Coopération au sein de l’organisation sociale du village ». Bref, une cave, ce n’est pas que du visible – des bâtiments – mais aussi et surtout de l’immatériel, de l’histoire locale et humaine
Ce livre repose sur un énorme travail de recueil de témoignages, et il en livre la riche substance, dans une écriture fluide et agréable. Ce livre ne s’adresse pas uniquement aux coopérateurs de cette cave. Et c’est bien toute la réussite de l’ouvrage. Il parle aussi à un public bien plus large, viticulteur ou non, habitant du coin ou non.

Alain Tendero
L’autre force du livre, ce sont les photos d’Alain Tendero. Des photos faussement simples, aucunement spectaculaires, pleine d’empathie. Et le choix du noir et blanc est judicieux, renforçant le côté intemporel des portraits pris sur le vif, des gestes à la vigne ou des moments festifs.
Pour commander le livre (20€) : page du site de la cave de Montpeyroux. Consulter également le site de Marie-Ange Lasmènes et celui de Divergence Images qui présente le travail d’Alain Tendero.
Bientôt un article sur le beau terroir de Montpeyroux.